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Encyclopædia Universalis

« Aux côtés de Gaudí, de Guimard, de Van de Velde, de Mackintosh, d’Otto Wagner, l’architecte belge d’origine gantoise Victor Horta est, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, l’un des plus brillants créateurs d’espaces. Il est aussi l’un des disciples les plus convaincus de Viollet-le-Duc à avoir ouvert, en termes sensibles, simultanément industriels et artisanaux, une problématique de l’architecture, problématique fondée sur le refus d’une pratique obnubilée par des modèles anciens ; sur l’hostilité à la dichotomie qui s’est opérée au XIXe siècle entre architecture et construction (industrielle) ; sur la dénonciation d’une croyance, à savoir que l’ingénieur «pionnier d’un nouvel art de bâtir» est seul habilité à innover. Effectivement, Horta est l’un des premiers à avoir dominé la résistance des architectes, l’un des premiers à avoir perçu la vocation ornementale, calligraphique et non seulement technologique du fer, l’un des rares constructeurs de la Belle Époque à avoir retrouvé le sens de la communication architecturale. De cette œuvre il faut souligner la densité, l’originalité, la puissance de persuasion et une épaisseur sémantique à ce point remarquée, dès son apparition, qu’elle suscita dans l’agglomération de Bruxelles des sous-codes de type stylistique ou rhétorique. Il y eut ainsi en Belgique, vers les années 1900, un style Horta, une ligne Horta (la ligne «en coup de fouet»), un paling stijl  (style anguille), encore que ces désignations visent davantage le «décor» que les structures fondamentales. À cet égard, il convient de relever les innovations de Horta au niveau du plan : remaniement du plan traditionnel de l’habitation bourgeoise (hôtel Tassel, Bruxelles, 1892-1893), réponses à des programmes sociaux, économiques et culturels nouveaux (grands magasins À l’Innovation , 1901 ; extensions du Grand Bazar Anspach , Bruxelles 1903 ; Grand Bazar , Francfort, 1903 ; palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1922-1928), articulations d’éléments tendant à postuler une «idéologie de l’habitat» (à Bruxelles : hôtel Solvay, 1895-1900 ; hôtel Van Eetvelde, 1895 ; hôtel Aubecq, 1899-1900). Au niveau du code syntaxique, il a procédé à l’invention et à la mise en place de fermes métalliques, de tirants articulés et réglables, d’une coque à nervures métalliques exceptionnellement légère, de consoles en pierre (maison du Peuple), de couvertures translucides (verrières : hôtel Solvay, hôtel Aubecq, maison Horta, 1898), de façades métalliques vitrées, nervurées, festonnées, fleuries (À l’Innovation , Grand Bazar ), de piliers de soutien inclinés (À l’Innovation ). Cette pratique architecturale conteste partout les canons établis de l’éclectisme régnant, tout en reliant des fonctionnements inédits à une esthétique de classe. Elle est, enfin, génératrice de rythmes ondoyants, où l’on identifie les pulsations d’une «écriture», car c’est bien d’une écriture qu’il s’agit, concept qui désigne à la fois le geste physique de l’inscription et «l’essence intérieure d’une activité». L’écriture de Horta a ses intonations spécifiques, ses nœuds (hôtel Solvay, maison Horta), ses transparences (hôtel Tassel, hôtel Van Eetvelde), sa sobriété (hôtel Dubois, 1901), son économie (façade de l’hôtel Van Eetvelde), sa nervosité (façade de À l’Innovation ). »
 
 
 


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Cette page a été mise à jour pour la dernière fois le 8 juillet 2000.